Entrepreneuriat

Fourrage hydroponique : Une solution pour les éleveurs ?

A 28 ans, Cédric Niyongabo est patron de Innova Breeding Food Company (IBF) qui promeut la culture du fourrage hydroponique. Un secteur peu exploité au Burundi, mais qui répond valablement aux besoins des éleveurs. L’ayant appris sur la toile, il appelle les jeunes Burundais à utiliser leurs téléphones d’une manière rentable

Un kilo de céréale cultivée produit entre 8 et 10 kg de fourrage hydroponique en 7 jours s’il s’agit du fourrage destiné au bétail et en 4 jours s’il s’agit du fourrage destiné aux volailles.

« Qui ne tente rien n’a rien », a dit un sage. A 28 ans, Cédric Niyongabo est patron de Innova Breeding Food Company (IBF company). Depuis 2019, cet étudiant à l’Université Lumière de Bujumbura a commencé un long chemin qu’il ne rêve pas d’abandonner en cours de route. Après la sortie de l’ordonnance ministérielle mettant en place la stabulation permanente sur le territoire Burundais en date du 4 octobre 2018, les éleveurs ont été déboussolés. Suite à l’exiguïté des terres cultivables, ceux-ci n’étaient pas sûr d’être à mesure de se procurer quotidiennement du fourrage pour leurs bétails. Cette inquiétude des éleveurs a par contre constitué une opportunité pour cet étudiant. Après différentes recherches sur internet, il a essayé de cultiver le fourrage hydroponique. Ce n’est qu’en 2021, lorsque cette mesure est entrée en vigueur que le besoin de fourrage pour nourrir le bétail est devenue criant. C’est ainsi qu’il a lancé la production du fourrage hydroponique destiné à la vente.

Lorsqu’il a commencé son projet, il n’avait presque pas d’argent. Il a été contraint de se contenter de ce qui était à sa disposition et de chercher des équivalents si possibles. Il a commencé avec 5 kg de maïs qu’il achetait à 1000 FBu le kilo. Puisqu’il n’avait pas les moyens pour acheter des plateaux en aluminium dont un plateau d’1m sur 50 m coûte 50 mille FBu, il a alors essayé de fabriquer ses propres plateaux à base de tuyaux en plastique. Une autre innovation qui ne lui coûtait qu’autour de 10 mille FBu la pièce.

Une technique qu’il faut pour le Burundi

Le fourrage hydroponique répond au problème lié à l’exiguïté des terres cultivables (manque de terre où cultiver les plantes fourragères). Niyongabo produit autour de 600kg de fourrage sur un espace de 50 mètres carrées.  Obtenu après germination des grains de céréales, cette méthode nécessite davantage d’eau que d’espace. Pour un kilo de céréale cultivée, le besoin en eau est estimé entre 3 et 4 litres. Cela produit entre 8 et 10 kg de fourrage en 7 jours s’il s’agit du fourrage destiné au bétail et en 4 jours s’il s’agit du fourrage destiné au volailles comme l’explique Niyongabo. Il vend à 600 FBu un kilo de fourrage à base de blé et à 500 FBu un kilo de fourrage à base de maïs.

Pour le fourrage hydroponique, tout est consommable. Que ce soit les grains, les racines ou les feuilles et sont d’une grande valeur nutritive. Cela réduit les quantités utilisées pour nourrir le bétail et donc l’argent utilisé dans l’alimentation du bétail. Un autre atout est que ce type de fourrage est produit sur toute l’étendue du territoire national et pendant toute l’année. Cette pratique demande également moins de main d’œuvre. Le transport est facile, car ce fourrage peut être produit près de l’étable. C’est d’ailleurs pour cette raison que Niyongabo prévoit de migrer vers Buringa dans la province de Bubanza où se trouve la majorité de sa clientèle. 

Chaque mégabyte dépensé doit rapporter

Pour cet étudiant, disposer d’un téléphone androïde est déjà un atout pour un jeune qui veut investir. Selon lui, il y a beaucoup de tutoriels sur internet. Il suffit juste de faire des recherches et de les essayer. Malheureusement, la plupart des jeunes utilisent leurs téléphones dans des divertissements parfois inutiles.   « Normalement, chaque mégabyte dépensé devrait être un investissement rapportant une plus-value », estime-t-il.

Il appelle les jeunes Burundais à profiter d’un espace d’entrepreneuriat presque vierge et de saisir les différentes opportunités offertes soit par le gouvernement du Burundi, soit par les ONGS locales ou internationales. « Il faut que les jeunes pensent aux projets novateurs répondant à un problème social quelconque. Ce sont souvent ces genres de projets qui ont la chance d’être financés. Il faut également que les jeunes apprennent à bien rédiger leurs projets et osent postuler à chaque fois qu’une opportunité se présente », fait-il savoir. 

Pour cet entrepreneur en herbe, le grand problème pour les jeunes Burundais c’est que beaucoup d’entre eux se surestiment, croient qu’ils méritent mieux et refusent de postuler. D’autres par contre se sous-estiment comme quoi les compétitions dépassent leurs compétences et ont peur de postuler. Une autre catégorie, selon lui, est constituée par les jeunes qui ne tentent rien. Certains parce qu’ils ne savent pas où chercher et d’autres qui voient défiler les appels d’offres, mais qui les laissent passer. 

Niyongabo a déjà participé à différentes compétitions dont celle de l’AUF où son projet a occupé la 3ème place. Au mois d’août dernier, ce projet a également bénéficié du financement du PAEEJ à hauteur de 13 millions de FBu. Cela va lui permettre de réaliser l’extension de son projet.

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A propos de l'auteur

Florence Inyabuntu.

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3 commentaires
  • Irambona dit :

    Yotanga contact uwumukeneye akamuronka ???

  • Irambona dit :

    Yotanga adresse contact kubamukeneye

  • Niyontoranwa Élysée dit :

    Merci du témoignage. Pouvez-vous me donner ses numéros téléphoniques? Je veux puiser l’expérience chez lui. Puis vous n’avez pas précisé où il est pour le moment.

Les commentaires sont fermés.

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