Edition spéciale entrepreneuriat

« Innover c’est savoir abandonner des milliers de bonnes idées »

Au moment où beaucoup de jeunes Burundais font face au problème de chômage, il y en a d’autres qui ont le courage de suivre leur cœur et leur intuition pour savoir ce qu’ils veulent réellement devenir et ensuite innover. Burundi Eco vous expose le parcours d’une jeune fille au talent incontestable 

Audrey Déborah Niyobuzima : « …Et quand je pense que je contribue à bâtir ma patrie, je suis fière de mon travail »

Audrey Déborah Niyobuzima est une jeune fille de 22 ans, étudiante en bac 3 à l’université du lac Tanganyika. Burundi Eco l’a rencontrée dans une des galeries de la ville entrain de bidouiller les papiers.  Sur les armoires sont étalés des tableaux, des vases, des tapis et divers objets de décorations.  A côté d’elle, du ciment et autres différents matériaux.

Etre indépendante, l’origine de tout

Elle explique pourquoi et comment elle s’est lancée dans les arts décoratifs. « Au fur et à mesure que je grandissais, je ne voulais pas dépendre de qui que ce soit. Je voulais subvenir à tous mes besoins. Je réfléchissais à ce que je pouvais faire. A l’école secondaire, j’écrivais des poèmes et des pièces de théâtre. Depuis longtemps, j’ai cru que je suis la femme des lettres et que je finirais par être une écrivaine par exemple. Mais avec le temps, cet esprit s’est éteint petit à petit. Je m’en suis passé », explique-t-elle

Après avoir terminé le secondaire, Niyobuzima entame l’université, mais elle est persuadée qu’elle est douée en quelque chose qu’elle va créer elle-même. Il lui restait de trouver cette étincelle. Il fallait qu’elle écoute son cœur et suive son intuition. Vers la fin de l’année 2017, alors qu’elle regardait une vidéo sur internet sur la manière de fabriquer un objet de décoratif, elle eut l’idée de refaire cet objet avec du papier.

Certains des produits confectionnés par Audrey Niyobuzima

« Ça a été un succès. C’est là où j’ai commencé à fabriquer des objets divers en papier. J’essayais de confectionner des fleurs, des tableaux, des vases…Et les gens admiraient les objets que je bricolais les achetaient très facilement. Ils me passaient aussi des commandes… », confie-t-elle. Plus tard, elle se rendit compte que ce qu’elle faisait n’était pas seulement un amusement mais pouvait plutôt faire l’objet d’une affaire.

Naissance d’Audrey Artifacts Company

Comme la clientèle ne cessait de croître, il fallait qu’elle trouve une adresse fixe et connue. A moins d’une année, Niyobuzima eut l’idée de créer sa propre entreprise : Audrey Artifacts Co. Elle suivit toutes les démarches de création d’une entreprise. « J’ai un NIF et un registre de commerce, mon entreprise paie les impôts à l’OBR. Et quand je pense que je contribue à bâtir ma patrie, je suis fière de mon travail », se réjouit-elle.

Après la fac, c’est son adresse habituelle. « Avant, mes parents n’étaient pas d’accord avec moi. Ils craignaient que j’abandonne les études pour consacrer tout mon temps à mon entreprise. Mais au fur du temps, ils ont fini par comprendre que je peux manier les deux parallèlement et ils m’ont soutenue ».

Un défi lié au manque de matériels

Malgré son enthousiasme, elle est confrontée au problème de manque de matériaux plus adéquats. Souvent elle travaille sur commande. Parfois elle propose des idées selon qu’elles sont les siennes ou sur un modèle qu’elle a vu quelque part et des projets originaux dans le respect des attentes et en tenant compte des contraintes budgétaires et réglementaires.

Cependant, il arrive qu’elle trouve que les matériaux nécessaires sont à importer. « Au stade où je suis, il m’est incapable d’importer les matériaux. Mais, justement c’est là où réside le gros du travail. J’essaie d’imaginer des matériaux locaux semblables à ceux que je devrais importer et ça marche très bien (éclat de rire) », lance-elle avec amusement.

Quoiqu’elle se débrouille très bien, elle rêve de développer son entreprise et d’en faire une maison prospère. Tout comme les autres jeunes entrepreneurs, Niyobuzima a besoin d’un coup de pouce. Elle rêve de participer dans des foires artistiques, mais dit qu’elle n’a pas encore les moyens de s’offrir ce luxe

Au-delà d’un travail lucratif, les arts décoratifs sont une passion pour cette jeune fille. Et quand on réalise un travail qu’on aime, on réalise un bon travail et quand on réalise un bon travail, on est satisfait. Niyobuzima devrait servir de modèle à bon nombre de jeunes, qui, au lieu de se lamenter sur leur sort, devraient développer l’esprit de créativité.

A propos de l'auteur

Dona Fabiola Ruzagiriza.

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3 commentaires
  • Concorde KIREZI dit :

    C’est mignon et ça devrait servir d’exemple. Cette jeune fille m’inspire beaucoup. Je n’ai jamais rêvé d’être un employé et même si je le fais,ce sera pour devenir un jour un bon employeur. Courage ma grande !!!

  • Pachel Bigiririmana dit :

    Courage ma soeur !

  • Niyokindi dit :

    Bonjour,
    Ce genre d’information me fait beaucoup du bien et j’aime voir des jeunes de mon pays se développer. Beaucoup des jeunes sont toujours entrain de se plaindre sur leur sort et toujours entrain de demander de l’aide et pourtant il y a beaucoup des choses à faire dans notre pays.
    J’encourage ma génération qui se lance en affaire. Je dis bravo 👏🏿 à Déborah Niyobuzima. J’aimerais la soutenir financièrement, alors je laisse mon adresse email.
    Je suis étudiant en génie civil à l’Université Laval, Québec au Canada, je suis à ma dernière année d’étude.
    Et je suis né au Burundi et fais primaire au Burundi , vécu en Tanzanie et maintenant au Canada.

Les commentaires sont fermés.

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