Société

Terrain « Tempête » : quand les toilettes gâchent l’ambiance des exercices physiques

Le terrain dit « Tempête » situé près du lac Tanganyika en commune de Mukaza (Bujumbura) est connu depuis longtemps comme un espace public réservé pour les exercices physiques. Bien que sa fréquentation n’est pas gratuite depuis fin 2021, les bénéficiaires saluent quand même un tout petit peu le fait qu’il a été équipé de toilettes et de robinets d’eau. Mais aujourd’hui, les latrines sont quasiment non fonctionnelles. Ce qui inquiète plus d’un. Reportage.

Les personnes qui font des exercices physiques sur le terrain « Tempête » ont du mal à accéder aux latrines.

Vendredi après les heures de services, pour les amoureux de la sainte mousse, c’est une occasion en or pour être dans les vignes du Seigneur. Mais en tant qu’amateur des exercices physiques, je ne peux pas me laisser dominé par l’ébriété pour rater samedi, un jour idéal pour décontracter mes muscles. Pour ne pas trop dormir, il vaut mieux activer le système d’alarme dans mon téléphone mobile. C’est samedi le 16 mars 2024 à 6 h pile dans la commune de Mukaza (Bujumbura). Une musique désagréable perturbe mon sommeil. Oh ! C’est mon téléphone qui enclenche le réveil. J’ai envie de l’éteindre pour rétablir le calme dans la chambre. Mais ma conscience me rappelle que c’est le moment de me préparer pour aller faire des exercices physiques. Je n’ai pas le choix. Je me réveille difficilement pour faire la toilette et enfiler ensuite ma tenue de sport et les baskets. Il est 6h 30. Je quitte mon domicile, mais je n’ai pas décidé l’endroit où je vais faire mes exercices physiques. Pour rappel, dans la capitale économique Bujumbura, une partie des amoureux du footing escaladent les collines qui surplombent cette ville. Une autre destination pour le reste c’est le littoral du lac Tanganyika, notamment le terrain dit Tempête situé à moins de 100 mètres du lac. Comme je ne me sens pas très en forme, je choisis la deuxième option, car je ne me sens pas assez fort pour « escalader » les collines de Kiriri.

Je prends la route menant vers le terrain Tempête au rythme des pas de footing comme d’autres amoureux des exercices physiques qui sont devant comme derrière moi. Nous passons devant l’hôpital Prince Régent Charles et les Lycées du lac Tanganyika I et II avant d’arriver au niveau de Safi Beach. Ainsi, il ne reste qu’à courir le long du lac pour arriver à destination. Après 25 minutes de footing, nous y sommes (au terrain Tempête) précisément au niveau de l’espace réservé au jeu de basketball.

L’espace en question est systématiquement clôturé par des fils barbelés depuis deux ans. Un jeune homme se positionne juste à l’entrée pour faire payer chaque personne qui le fréquente. Aucun individu ne s’y soustrait. Le paiement des frais d’entrée est obligatoire. Nous entrons à tour de rôle après avoir payé 200 FBu chacun. Mais les « payeurs » ne reçoivent aucune pièce justificative ni une facture ni un simple reçu. Ils s’en passent. Plutôt ils sont pressés de rejoindre d’autres amoureux des exercices physiques qui sont entrés avant eux. La foule (estimée entre 300 et 400 personnes) est subdivisée en quatre équipes. Certains groupes pratiquent le « fitness » sous le rythme d’une musique bien programmée et quelques personnes font des étirements en solo. Jusque-là, tout semble normal, mais il y a toujours un hic.

Les toilettes font défaut

Cet espace dispose de l’eau de robinet et de quatre latrines (deux pour les hommes, une pour les femmes et une autre pour les « VIP »). Ce qui a été une des raisons avancées par les gérants pour exiger les frais d’entrée. Mais, aujourd’hui, les toilettes sont quasiment non fonctionnelles. Trois latrines sont cadenassées et une seule reste ouverte. Cette dernière est pleine de merde jusqu’au dernier centimètre. Pire encore, les excrétas sont éparpillés sur toute la surface de la cabine. Donc, personne ne peut y entrer pour faire ses besoins. Ce ne sont que les hommes qui peuvent fréquenter les urinoirs qui sont quand même fonctionnels. Désolé pour les femmes qui en sont victimes à 100 %. « Il est déplorable de manquer où faire au moins le petit besoin alors que nous payons pour entrer dans l’espace de jeux du terrain de Tempête », déplore A. K, une jeune fille vivant à Buyenzi.

Un des employés de cet espace qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat a révélé que ce problème est causé par le fait que cet endroit est situé dans une zone marécageuse. Il précise : « Quand nous commandons un camion pour vider les toilettes, en l’espace d’une semaine, elles deviennent à nouveau pleines d’eau parce que nous sommes en pleine période pluvieuse. Nous attendons l’été pour régler le problème efficacement ». Cette explication n’est pas assez convaincante pour tout le monde. Certaines personnes qui fréquentent le terrain « Tempête » proposent de mettre en place au moins des toilettes mobiles comme alternative.

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A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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