Entrepreneuriat

Un duo aux mains magiques

Depuis 2021, Diane Ntakirutimana et Henriette Ndayisenga fabriquent des sandales pour dames à base de fils brodés. Ce métier qui est vite devenu leur passion leur permet de gagner leur vie.  Elles invitent les autres jeunes à apprendre au moins un métier, car cela peut être une alternative pour pallier au chômage

Diane Ntakirutimana : « On trouve toujours du temps pour faire ce qu’on aime ».

   

Lorsque nous avons rencontré Diane Ntakirutimana, 25 ans, elle était en train de strier des cordes qu’elle utilise dans la fabrication des sandales pour dames. Devant elle, une dizaine de paires de sandales déjà prêtes. Celles-ci sont de différents modèles et de différentes couleurs. A voir sa manie de le faire et son professionnalisme, personne ne croirait qu’elle exerce ce métier depuis seulement une année. Elle l’a appris de la part de sa tante au mois d’avril 2021. Dès lors, elle s’est attachée à ce métier qui est vite devenue sa passion.

A part qu’elle a appris gratuitement ce métier, Ntakirutimana n’avait pas grand-chose pour le commencer à part deux rouleaux de fil et un crochet, elle évalue son capital de départ à environ 5.500 FBu. Pour qu’une chaussure puisse être portable, il fallait avoir un talon qui s’achète à 5000 mille FBu, une somme qu’elle n’avait pas au départ. C’est ainsi qu’une idée lui est venue en tête. « J’ai pris les cordes que j’avais striées, je les ai mis sur un talon de sandales que je ne portais plus. Cela leur a donné un air mignon. Je les portais que ce soit à l’Université ou à l’église. Ceux qui les ont vu les ont aimés et ont fait des commandes. C’est ainsi que j’ai engagé les premiers revenus.

Henriette Ndayisenga, une amie à elle témoigne avoir été impressionée par les sandales fabriquées par Ntakirutimana. « Lorsque je les ai vues pour la première fois, je n’ai eu qu’une envie. Savoir à tout prix comment les fabriquer », témoigne-t-elle. Volontiers, Ntakirutimana a accepté de lui apprendre comment les fabriquer. Depuis novembre 2021, ces deux amies travaillent ensemble. Henriette Ndayisenga n’est pas la seule à avoir été initié à la fabrication des sandales par cette fille.

Inséparable de son crochet

Selon Ntakirutimana, on trouve toujours du temps pour faire ce qu’on aime. A côté des études universitaires qu’elle fait à la faculté d’Informatique de gestion à l’Université des Grand Lacs, elle essaie de rentabiliser le peu de temps qui lui reste. Cette native du quartier Gihosha rural fait deux heures pour arriver au campus sis au quartier 10 à Ngagara. Ces deux heures qui étaient censées être une menace se sont transformées en opportunité et elle les passe à strier les cordes tout en marchant. Elle témoigne pouvoir terminer une paire de cordes de sandales en un seul trajet aller-retour. « Un temps libre à l’Université est une opportunité pour moi de strier les cordes de sandales. C’est un métier que je peux exercer n’importe où », se réjouit-elle.

Selon elle, ce métier lui permet de devenir plus ou moins autonome. « Avec le peu d’argent que je gagne dans ce métier, je parviens à subvenir à mes besoins. C’est un souci de moins pour mes parents », témoigne Ntakirutimana. Avec ce métier, elle espère être épargné du chômage qui hante la plupart des jeunes Burundais.

Mlle Ndayisenga ne dit pas le contraire. Selon elle, depuis qu’elle a commencé à exercer ce métier, elle se prend en charge et ne regrette rien. Selon elle, le problème est que les métiers ne sont pas valorisés au Burundi.  Elle appelle les autres jeunes à apprendre ne fût-ce qu’un métier, car cela ne peut être en aucun cas inutile. 

Une fierté, mais aussi des défis

Même si ces jeunes voient clair leur projet et comptent le mener sur le long terme, les défis ne manquent pas. Comme la plupart des autres jeunes entrepreneurs surtout ceux qui sont à la phase débutante, ces entrepreneurs en gestation ne savent rien des opportunités disponibles pour améliorer leur savoir-faire ou publier et vendre leurs produits.  Ces jeunes filles souffrent également d’une certaine méfiance de la part des clients. Malgré l’esthétique, la solidité et la diversité des modèles de leurs sandales, leurs clients les négocient à bas prix. « Nous vendons nos sandales entre12 et 15 mille FBu, mais on nous dit souvent qu’elles sont chères. Pourtant, certains préfèrent acheter les sandales kenyanes à 25 mille FBu qui ne sont pas plus solides que les nôtres », regrette Ndayisenga.

Ne disposant pas d’une machine qui leur permet de fabriquer les talons de ces chaussures, elles sont obligées de faire une sous traitance chez les cordonniers du quartier. Cela handicape leur travail car, à part que ces cordonniers ne respectent pas parfois les délais, ils peuvent leur fournir des talons de mauvaise qualité. Ce qui remet en cause les actions de ces filles. Elles souhaiteraient disposer de leur propre machine pour fabriquer à 100% leurs sandales. A part la fabrication des sandales, Diane Ntakirutimana confectionne les nappes de table brodées, des paniers dits « amakapo » et cela parallèlement à ses études de la langue Chinoise à l’Université du Burundi.

A propos de l'auteur

Florence Inyabuntu.

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