Société

La consommation de la drogue, un danger pour la société

La consommation de la drogue est une réalité au Burundi. Les conséquences en sont énormes. En 2017, les statistiques montrent que 10,2 % des 175 usagers de drogues injectables étaient séropositifs dans la municipalité de Bujumbura. 9,4 % avaient le virus de l’hépatite B. Les plus menacés sont ceux âgés de 10 à 35 ans

Les radios Isanganiro, Rema FM et Izere FM  ont organisé une synergie des médias sur la consommation de la drogue et ses effets pervers au Burundi.   A cette occasion, il a été constaté que la consommation de la drogue est une menace  pour la société. Dans une étude qui a été menée par l’Alliance Burundaise contre le Sida (ABS) en 2017 dans la municipalité  de Bujumbura, Eric Nsengiyumva de  l’Association of People who Used Drugs (BAPUD) a indiqué que  10,2 % des 175 usagers de drogues injectables étaient séropositifs. 9,4 % avaient le virus de l’hépatite B. Ceux qui  s’adonnent beaucoup plus à la consommation de la drogue sont âgés de 10 à 35 ans. Plus de 93% d’entre eux  fréquentent l’école.  Néanmoins, plus de 34 %  terminent seulement les études primaires, 16 % les études secondaires et 2% les études universitaires. Si rien n’est fait pour réduire les méfaits de l’usage de la drogue, Nsengiyumva précise que le pire est à craindre. Plus de 55% ont été emprisonnés parce qu’ils ont été attrapés en train de consommer la drogue. Malheureusement, parmi ces derniers, plus de 34% n’ont pas cessé de s’en servir malgré qu’on leur ait infligé des sanctions.  

1660 kg de cannabis, 8446 boules de cannabis, 7,3 kg de cocaïne et 3 kg d’héroïne ont été détruits vendredi le 5 juillet 2019 à Bugarama lors de la célébration de la journée internationale de lutte contre la drogue

Ces chiffres sont alarmants

Le partage du contenu des seringues et les rapports sexuels non protégés  occasionnent beaucoup de nouvelles infections du VIH. Selon l’ABS, les chiffres sont alarmants. Le pire est qu’ils ne cessent de contaminer les autres. Les utilisateurs de drogues injectables comme les homosexuels font partie des groupes les plus menacés par le VIH/Sida. Ils présentent des taux de séroprévalence plus élevés et constituent les principaux foyers de propagation de l’épidémie. Dans beaucoup de pays, les taux de prévalences élevées s’expliquent en grande partie par le fait que ces groupes ont un accès tardif et très faible à la prévention, au dépistage et aux soins du VIH/Sida. Stigmatisés, discriminés, considérés comme des déviants dans plusieurs pays du monde, ces groupes sont réticents à se faire connaître dans les structures de prévention et de soins parce qu’ils ont peur d’être arrêtés et emprisonnés. En plus, les politiques répressives et les pratiques discriminatoires poussent ces populations vulnérables à la clandestinité et les cantonnent dans des milieux marginaux où le risque d’infection par le VIH est très élevé. Ce qui rend ardu l’éradication de l’épidémie du VIH sans intégrer complètement ces groupes dans les politiques de lutte contre le Sida. Mettre les usagers de la drogue dans les lieux de détention aggrave la situation. Le taux de prévalence du VIH/Sida va crescendo, car les usagers de drogues injectables contaminent les autres. Concernant les autres maladies sexuellement transmissibles, la situation est la même.

Les drogues les plus consommées au Burundi

Selon OPC1 Diogène  Minani, chargé de la lutte contre la drogue à la Police Nationale du Burundi (PNB)  qui a représenté, il y a différentes sortes de drogues. Mais les plus consommées au Burundi sont entre autres Boosta, la cocaïne, le chanvre ou le cannabis. Boosta  sème la panique ici chez nous, alerte Minani. « C’est une drogue chère. Si tu en consommes, plus de 600 000 FBu peuvent être dépensés en un mois. Si tu n’a pas les moyens pour t’en acheter, tu voles tout ce que tu rencontres sur ton chemin», s’inquiète-t-il.

Décourager les mesures répressives, une nécessité

Même si la loi oblige la police à punir les usagers de la drogue, l’ABS  fait savoir qu’ il est désormais nécessaire de les mettre dans les centres de prise en charge et non dans les prisons pour réduire les dégâts. Au Kenya, un cadre de la police nationale fait remarquer que lorsque la police capture un usager de  la drogue, on l’interroge pour se renseigner sur la production et la commercialisation de ce produit. Après, on le met dans un centre de prise en charge pour traitement. L’ABS compare un usager de la drogue à un malade qui a besoin d’être soigné et de vivre comme les autres malgré qu’il la consomme et outrepasse la loi.

La dépendance à la drogue, une étape grave

Stopper l’usage de la drogue  pour ceux qui en consomment n’est pas chose facile, indique Eric Debege, un des usagers de la drogue. La plupart des fois, on finira par en être dépendant, car on en a toujours soif.  Lorsqu’on la consomme, Debege précise qu’on éprouve beaucoup de plaisir. Dès la première prise de substances psychoactive, il y a une libération beaucoup plus importante de dopamine dans le cerveau. Ce qui procure un plaisir momentané. Mais à cause de notre système de récompense, une sensation agréable donne envie de reproduire la situation qui a donné lieu à cette sensation. C’est ainsi qu’on en devient dépendant si la consommation de la drogue est fréquente. Evidemment cette dépendance est plus ou moins rapide en fonction des individus et de la fréquence de consommation. Lorsqu’une personne dépendante n’a plus sa dose habituelle de dopamine (plus élevée que la normale à cause de l’injection des drogues), le corps réagit : c’est l’état de manque.

Les conséquences de l’usage de la drogue

Chaque drogue produit des effets qui lui sont spécifiques. En plus de leurs actions spécifiques, chaque substance psychoactive libère une certaine quantité de dopamine. Nous allons ci-dessous décrire les effets des principales drogues.

Le cannabis  diminue les capacités de mémoire immédiate et de concentration chez les consommateurs tant qu’ils sont sous son effet. La perception visuelle, la vigilance et les réflexes sont également modifiés. Ces effets peuvent être dangereux si on conduit une voiture. Sur le plan physique, on constate la coloration  rouge des yeux, une augmentation de l’appétit et du rythme cardiaque et parfois une sensation de nausée. Si la consommation est régulière, l’usager de la drogue manifeste des troubles de la concentration (scolarité par exemple),  un isolement social et une perte de motivation.

Quant à elle, l’usage de cocaïne provoque une euphorie immédiate, un sentiment de puissance intellectuelle et physique (invincibilité) et une indifférence à la douleur et à la fatigue. Ces effets laissent la place ensuite à un état dépressif et à une anxiété. Sur le plan physique, on observe des contractions des vaisseaux sanguins, des troubles cardiaques, des troubles psychiques (délires, panique, instabilité d’humeur), des insomnies et des pertes de mémoire. Dans certains cas, la consommation de la cocaïne amène le sujet à commettre des actes de violence, parfois sexuels.

Quant à l’héroïne, le consommateur se sent apaisé, relaxé et a une sensation d’extase. Cet effet presque immédiat est suivi de somnolences accompagnées de vertiges et de nausées, et souvent d’un ralentissement du rythme cardiaque. Le principal risque de la consommation d’héroïne, en plus d’une dépendance quasi-instantanée, est l’overdose qui provoque une dépression respiratoire mortelle.

Pourquoi consomme-t-on la drogue ?

Les principales raisons  qui poussent les jeunes à consommer la drogue sont principalement  l’influence des amis et de « la génération » et l’esprit d’équipe, fait remarquer Nsengiyumva.   Evrard Ndayishimiye , du ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida y ajoute le besoin d’affirmation sur ses pairs, la fréquentation des boîtes de nuit, vaincre les problèmes quotidiens, le manque d’encadrement suite à la mort des parents, les blessures dues au divorce des parents et les mauvaises relations avec des parents remariés. La dilapidation de l’héritage familial au détriment des héritiers naturels par des parents proches, la situation d’extrême pauvreté, les antécédents d’emprisonnements arbitraires/abusifs, l’expérimentation des scènes de violence horribles lors des conflits armés, les antécédents des violences sexuelles pour les filles, etc contribuent à la consommation de la drogue.

Minani signale que le Burundi s’est joint vendredi  le 05 juillet 2019 au reste du monde pour célébrer la journée internationale dédiée à la lutte contre la drogue. Les cérémonies se sont déroulées dans la zone Bugarama de la commune Muramvya. A cette occasion,   1660 kg de cannabis, 8446 boules de cannabis, 7,3 kg de cocaïne et 3 kg d’héroïne ont été détruits. Le Commissaire de Police Chef Alain Guillaume Bunyoni, ministre de la Sécurité Publique et de la Gestion des Catastrophes  a indiqué que la consommation et la commercialisation des drogues est une réalité au Burundi. Près de 2,5 millions de kg de chanvre et 31 mille boules de cocaïne ont été saisis cette année. De plus, 28 mille plants de chanvre ont été détruits cette année. Il demande que le Burundi soit doté d’un centre de désintoxication des toxicomanes et de renforcement des capacités des policiers, surtout ceux de l’intérieur du pays en matière de lutte contre la drogue.

A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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