Economie

Célébration de la Journée Africaine des Statistiques : Des indicateurs économiques en régression

Ce jeudi 23 novembre 2017, le Burundi s’est joint aux autres pays africains pour célébrer la journée dédiée aux statistiques en Afrique (JAS). En marge de cette célébration, l’Institut des Statistiques et Etudes Economiques du Burundi (ISTEEBU) a présenté les statistiques économiques du pays. L’inflation annuelle passe de 10,1% à 15,4%. Le taux de dépréciation monétaire de la monnaie burundaise de 1,1% pour le dollar américain à 4,4% pour l’Euro et une croissance économique de -0,3% (en 2015). Néanmoins, cette institution connait pas mal de défis que sont : l’accès aux données, le manque de moyens financiers, l’absence des statistiques dans certains secteurs comme le tourisme, la construction, l’extraction etc.

Nicolas Ndayishimiye, directeur général de l’ISTEEBU : « Les gens ne connaissent pas l’importance de fournir des données statistiques. Ce qui fait qu’il y a des réticences lors de la collecte des informations ».

« La Journée Africaine des Statistiques (JAS) est une occasion offerte à la communauté statistique africaine pour mener une sensibilisation et un plaidoyer sur l’importance des statistiques dans le développement économique et social du continent », a indiqué Nicolas Ndayishimiye, directeur général de l’ISTEEBU.
D’après M. Serges Ndayiragije, ministre de la Bonne Gouvernance et du Plan, les données statistiques en général et celles relatives au secteur économique en particulier sont d’une importance capitale pour une bonne planification, un bon suivi et une évaluation de la mise en œuvre des politiques et programmes de développement socio-économique concourant à l’amélioration des vies.

Etat des lieux des statistiques économiques

Au niveau des prix, le Burundi enregistre une inflation annuelle à deux chiffres. Elle est passée 10,1 à 15,4% entre avril et octobre 2017. L’indice général des prix à la consommation, quant à lui, enregistre une augmentation d’environ 2,3% d’un trimestre à l’autre. Sur la croissance économique, les données montrent qu’en 2015 la croissance a été négative. Elle a été de -0,3% contre 4,2% en 2014. A ce sujet, le directeur général de l’ISTEEBU rassure que les signaux montrent que le Burundi connait actuellement une croissance positive. Et, au niveau de la monnaie, le FBu se déprécie par rapport au dollar et à l’euro dans une proportion de 1,1 et 4,4% au cours du 2ème trimestre de cette année 2017. Et, pour le secteur industriel, le Burundi affiche une croissance industrielle qui varie de 2,3% pour chaque trimestre de l’année 2017. L’accroissement de la productivité industrielle est de 3% au cours du 2ème trimestre 2017 par rapport au même trimestre en 2016, a précisé M. Ndayiragije.

L’inflation mensuelle en hausse

D’après les données de l’ISTEEBU, l’inflation mensuelle connait des variations de l’ordre de -0,1% à 7,0%. Elle a connu une petite baisse les mois d’avril et juin 2017 où elle était de -0,1% et -0,6% respectivement. Alors que pour les autres mois (de janvier à octobre), la hausse se situe entre 0,5% et 7,0%. Dans la majorité des cas, le constat est que les prix des produits alimentaires influent sur la hausse ou la baisse de l’indice des prix à la consommation. A titre illustratif, les informations tirées sur le site de l’ISTEEBU montrent qu’en février 2017, l’indice national des prix à la consommation (INPC) des ménages enregistrait une hausse de 7,0% contre une hausse de 2,3% le mois de janvier. Cette hausse est imputable principalement à la hausse des prix des produits alimentaires qui à eux seuls augmentent de de 11,3%. Et en avril 2017, l’INPC a connu une baisse de 0,1% contre une hausse de 0,8% le mois de mars. La baisse de l’INPC de 0,1% est imputable principalement à la baisse des prix des produits alimentaires qui est de 0,8%.

Pourquoi l’implosion de l’inflation ?

La dépréciation de la monnaie burundaise par rapport au dollar ou à l’euro favorise la flambée des prix sur le marché. Le patron de l’ISTEEBU indique que les importateurs ont besoin de devises pour importer. Donc sur le marché, il doit y avoir une augmentation des prix, car le commerçant doit fixer les prix en fonction du taux de change qui a été appliqué lors de l’achat des marchandises. S’il a acheté un produit à 1 USD, il peut fixer le prix du produit à 1,1 USD à la vente. Le secteur industriel n’est pas épargné : la plupart des matières premières proviennent de l’extérieur. Les investisseurs doivent les acheter à l’étranger à un coût élevé. L’autre facteur de l’inflation surtout pour le secteur agricole trouve ses racines dans la réduction de la productivité agricole. Suite aux changements climatiques, les récoltes sont mauvaises. Et la plupart des produits alimentaires sont importés des pays comme la Tanzanie et la Zambie.

Défis et perspectives

Selon le directeur de l’ISTEEBU, deux grandes difficultés s’observent dans la production des statistiques. La première difficulté est liée à la culture statistique. Les gens ne connaissent pas l’importance de fournir des données statistiques. Ce qui fait qu’il y a des réticences lors de la collecte des informations. L’autre défi est lié aux moyens financiers dont dispose le système statistique national. Les données proviennent des enquêtes et recensements et des sources administratives. Mais le constat est que les données issues des enquêtes et recensements ne sont pas disponibles au rythme voulu étant donné que ceux-ci nécessitent des opérations lourdes qui coûtent énormément chères note M. Ndayishimiye.

D’après Mme Lydia Bukuru, chef de service comptabilité nationale à l’ISTEEBU, le système de production des Comptes Nationaux au Burundi est confronté à une série de difficultés. Les sources d’information ne sont pas facilement accessibles et les informations utilisées ne sont pas toujours d’actualité. De plus, certains domaines tels que l’extraction, la sylviculture, la construction et le tourisme, ne disposent pas de statistiques. Elle regrette aussi l’absence d’un cadre légal permettant à l’ISTEEBU d’accéder à tous les rapports financiers des projets logés dans les différents ministères.

Elle propose la sensibilisation des gens à la nécessité de fournir des statistiques actualisées, fiables et de bonne qualité. Et Mme Bukuru de suggérer l’amélioration la qualité des statistiques produites au niveau des différentes structures de l’Etat ainsi que l’appui à l’ISTEEBU en termes de moyens financiers pour qu’il soit à mesure de conduire les différentes enquêtes et dans les meilleurs délais.

Notons que la JAS est célébrée le 18 novembre de chaque année, et qu’au Burundi, elle a coïncidé avec le 6ème mois de novembre dédié aux statistiques au Burundi dont le thème était : « améliorer les vies en améliorant les statistiques économiques ».

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

éditorial

Une riposte à la hauteur des enjeux ?

Une riposte à la hauteur des enjeux ?

Les effets du phénomène climatique El Niño caractérisé par des températures anormalement élevées et de fortes intempéries sont déjà perceptibles. A fortiori, le gouvernement vient de déclarer l’urgence climatique et appelle à l’aide internationale pour atténuer l’impact du changement climatique. Le Burundi est en proie aux effets du changement climatique. Ces derniers se manifestent à travers les catastrophes naturelles dont les inondations, les pluies torrentielles, les vents violents ou la prolongation de la saison sèche selon les régions. Les catastrophes d’une forte intensité fragilisent d’une manière répétitive les habitations, les infrastructures socio-économiques et exposent la population à une précarité absolue

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 605

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

éditorial

Une riposte à la hauteur des enjeux ?

Une riposte à la hauteur des enjeux ?

Les effets du phénomène climatique El Niño caractérisé par des températures anormalement élevées et de fortes intempéries sont déjà perceptibles. A fortiori, le gouvernement vient de déclarer l’urgence climatique et appelle à l’aide internationale pour atténuer l’impact du changement climatique. Le Burundi est en proie aux effets du changement climatique. Ces derniers se manifestent à travers les catastrophes naturelles dont les inondations, les pluies torrentielles, les vents violents ou la prolongation de la saison sèche selon les régions. Les catastrophes d’une forte intensité fragilisent d’une manière répétitive les habitations, les infrastructures socio-économiques et exposent la population à une précarité absolue.
  • Journal n° 605

  • Dossiers Pédagogiques