Genre

Commune Gihanga : Qui récolte le riz chasse sa femme

Certaines femmes de la province Bubanza sont mécontentes. Elles se lamentent que leurs maris prennent d’autres femmes, des concubines surtout pendant les moments de récolte. Cela déstabilise les familles, dérange les enfants et provoque un recul de l’économie du ménage

Nous sommes à la 5ème transversale de la commune Gihanga, au quartier dit Ragaza., difficile de trouver un passage, des bâches sèchent le riz sur presque toutes les avenues, les passagers piétinent, les véhicules, motos et vélos passent dessus. Rien n’est endommagé selon les propriétaires de ce riz paddy qui sèche au soleil.

Chez un certain Nicodème, tout n’est pas rose. Quatre enfants, âgés respectivement 10 ans, 7 ans, 6ans et 2 ans sont assis à côté de leur maman, apparemment désespérés. « Mon mari nous a quittés. Je ne sais pas où il est actuellement. J’entends seulement qu’il vit avec une autre femme », se désole la mère de ces enfants qui précise son ex-mari leur a dépouillé de toutes les récoltes, dont 20 sacs de riz de 100 kilos chacun.

Pendant la récolte du riz, la plupart des hommes pratiquent la polygamie et le concubinage dans la commune de Gihanga et même dans toute la province de Bubanza.

Evelyne Ndayizeye indique qu’elle a même porté plainte chez les autorités administratives et au parquet, sans succès. « Mon mari a été arrêté et il a passé quelques jours au cachot du commissariat provincial de police. Il avait failli me tuer quand je lui ai parlé de cette concubine », martèle- t-elle. Ses trois enfants ont été chassés de l’école suite au manque de frais scolaires. Ils fréquentent une école privée.

Qu’en disent les femmes leaders ?

La polygamie et le concubinage dans la commune de Gihanga et même dans toute la province de Bubanza sont suffisamment combattus, selon Suzanne Nzoyisenga, représentant le forum des femmes dans cette province. « Nous nous basons sur la loi de 2016, portant répression des violences basées sur le genre. Et je peux affirmer que cette loi a beaucoup aidé dans la défense des droits de la femme », précise Suzanne Nzoyisenga avant d’ajouter que beaucoup de couples illégaux ont régularisé leur union depuis bientôt trois ans.

Les hommes qui n’ont pas voulu se séparer de leurs concubines ont préféré déménager vers des endroits où ils ne sont pas connus. » Ceux qui avaient plus d’une femme ont été contraints à choisir celles avec qui ils devaient régulariser le mariage. Le constat amer est que la plupart d’entre eux préfèrent s’inscrire à l’état-civil avec la femme la plus jeune et la plus âgée est refoulée avec les enfants, déplore un leader communautaire du village VI de la commune de Gihanga.

Selon Bélyse Kwizera, les administratifs des différentes contrées du pays devraient collaborer afin de chasser les hommes qui y amènent des concubines. Elle ajoute qu’on devrait ajouter à la loi de 2016 portant la répression des VBG des sanctions pour les hommes qui abandonnent leur première femme et régularise le mariage avec la seconde ou les suivantes.

Seuls des cas isolés persistent selon l’administration

Le conseiller social du gouverneur de Bubanza fait savoir que les cas de polygamie et de concubinage sont actuellement très réduits. Il indique que les mariages inscrits à l’état-civil dans les différentes communes depuis bientôt trois ans ont été célébrés à plus de 100%.

Le nombre de couples qui ont régularisé leur mariage est de loin supérieur à ceux qu’on avait enquêté, même si tous les chiffres restent approximatifs. La raison est simple, nous recevons beaucoup de personnes à la quête de l’emploi, des activités génératrices de revenus en provenance d’autres provinces. Ils arrivent, s’installent et se marient tout en oubliant qu’ils ont laissé des familles (femmes et enfants) dans les provinces dont ils sont originaires.

« La loi de 2016 portant répression des VBG a été bien appliquée dans notre province, et, pour ceux qui font sourde oreille, des sanctions sont prévues », indique le conseiller social du gouverneur de Bubanza.

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Journal Burundi Eco.

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