Edition spéciale entrepreneuriat

Entreprise de fabrication des spaghetti : Pascal Hakuziyaremye a su mettre la main à la pâte

« Aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre des années », dit-on. La malnutrition qui frappe la population de la commune natale (Gashikanwa) de Pascal Hakuziyaremye alias « Spaghetti » a été à l’origine de la création de Blessing Product, une entreprise qui a du mal à concrétiser ses ambitions. L’avenir de cette « start up » innovante  n’est pas tout à fait rose à cause les démarches administratives onéreuses et compliquées. Son promoteur ne s’avoue pas vaincu pour autant 

Pascal Hakuziyaremye, initiateur d’un projet de fabrication des spaghetti, Blessing Product : « Mon projet a un double objectif : lutter contre la malnutrition en fabriquant une denrée alimentaire riche en éléments nutritifs et aider la population à mieux gérer la récolte grâce à un produit conservable sur une longue période »

Tout est parti d’un congé forcé que M. Pascal Hakuziyaremye a pris à cause des problèmes oculaires qu’il avait quand il était à l’école secondaire. Sa famille étant dans l’impossibilité de lui payer les soins de santé, il est parti chez son frère qui, comme par hasard, fabriquait des spaghetti dans un couvent des sœurs italiennes de Gweza. C’est lui qui l’a donc initié au « métier des pâtes ». Les moines l’ont fait soigner puis il est reparti à l’école avec «sa passion des pâtes». Quand PRODEFI a mis en place un programme de formation des jeunes en entrepreneuriat, ce jeune homme a tout naturellement conçu un projet de fabrication des spaghetti. Dans la localité de Ngozi, tout le monde l’appelle « Spaghetti », tellement son nom est lié à l’image de son  entreprise.

La malnutrition endémique est à l’origine de son projet

Depuis longtemps, Hakuziyaremye ne comprenait pas pourquoi la malnutrition sévissait alors que les populations passaient le gros de leurs temps aux champs. Quand il a été à mesure de comprendre ce phénomène, il a réalisé que la période de soudure (janvier et avril) était le résultat d’une mauvaise gestion de la récolte. C’était pour cette raison que les enfants et les adultes souffraient de kwashiorkor alors que les œufs, le riz et le blé étaient très abondants sur le marché pendant certaines périodes de l’année. « Mon projet a un double objectif: lutter contre la malnutrition en fabriquant une denrée alimentaire riche en éléments nutritifs et aider la population à mieux gérer la récolte grâce à un produit conservable sur une longue période», indique M.Hakuziyaremenye. Il pensait ainsi aider la population durant la période de soudure.

Un début difficile

Quand Hakuziyaremye lance son entreprise, le 25 novembre 2016, il n’a pas tous les équipements. Il a dû attendre une longue année pour que le projet PRODEFI lui octroie des machines. Jusqu’à maintenant, il y a des équipements qui manquent. Les spaghetti sortent de la machine encore moux. Ils doivent sécher à l’air libre parce qu’il n’a pas la machine qui effectue l’opération de séchage automatiquement. Cela explique pourquoi les spaghetti de Blessing Product n’ont pas la forme de baguette classique. C’est cela qui a fait que les clients hésitent à consommer ces spaghetti d’une « forme bizarre ». Heureusement pour lui, avec le temps, la réticence a fait place à l’engouement. La population des provinces du Nord du pays est devenue très friande du spaghetti Blessing Product, annonce fièrement Hakuziyaremye. D’ailleurs, le reporter de Burundi Eco a dû interrompre l’interview pour lui permettre de servir les clients qui ont pris d’un coup tout le stock qui lui restait. « Demain il y aura beaucoup de travail, a marmonné M. «Spaghetti» à un de ses employés en glissant une liasse de billets dans sa poche. L’autre problème qui se posait au début est que le spaghetti importé coûte cher au regard du pouvoir d’achat de la population. Un paquet de macaroni se vend entre 1800 et 2000 FBu. Ce qui n’est pas négligeable pour un ménage rural. M. « Spaghetti » a pris  une mesure radicale en cassant le prix. Il a fixé le prix du spaghetti Blessing Product  à 700 FBu le paquet. Actuellement, il vend entre 12 et 50 paquets par jour. Mais  Il compte baisser encore le prix   quand la situation le lui permettra. Il veut que son produit soit accessible au plus grand nombre de ses concitoyens.

Des difficultés « insurmontables » guettent Blessing Product

Si M. Hakuziyaremye est conscient de l’importance de son projet dans la lutte contre la malnutrition et la gestion efficiente de la récolte, il reste inquiet quant à l’avenir de son entreprise. Il a pu faire face au manque de financement en incluant d’autres personnes dans son projet qui ont apporté d’autres capitaux  à l’entreprise qui est désormais gérée en association. En revanche, il existe un autre obstacle qu’il ne sait pas contourner. Les entreprises de transformation doivent avoir la certification délivrée par Burundi Business Incubator (BBIN). Or les frais de certification  sont exorbitants pour   une entreprise à la phase d’incubation. Il a déjà effectué une visite pour s’enquérir des conditions de certification. Il estime à 2 millions de FBu les frais qu’exigera cette certification.

Un avenir incertain

Avec un capital de 604 mille FBu et 6 emplois créés, Hakuziyaremye fait partie de ces jeunes qui ont décidé de ne pas rester les bras croisés, mais de faire appel à leur savoir-faire pour créer leurs propres emplois avec l’aide de l’Etat ou des organismes internationaux. Le chiffre d’affaires mensuel de son entreprise atteint actuellement 700 mille FBu. Avec le problème de certification, le destin de Blessing Product est désormais incertain. M. «Spaghetti» ne voit pas comment il pourrait décrocher ce sésame. Les personnes habilitées devraient voir comment simplifier encore plus les démarches administratives pour les entreprises de transformation au stade d’incubation.  Cela ne serait que bénéfique pour la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes tant chanté.

A propos de l'auteur

Parfait Nzeyimana.

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