Santé

La gestion des financements du Fonds mondial transférée au PNUD

A partir de l’année prochaine, la gestion de l’argent du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme sera assurée par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Le Fonds mondial a déjà injecté au pays plus de 275 millions USD en 14 ans. Les raisons de cette décision sont la mauvaise gestion de ces fonds, les défaillances dans le recrutement et l’attribution des marchés ainsi que les retards dans le processus de rapportage

Le nouveau siège du Fonds mondial en cours de construction à Genève (Photo d’archive).

L’Instance de Coordination Nationale (ICN) présidée par la ministre de la Santé Publique et de Lutte contre le Sida n’a pas été à la hauteur de sa tâche, à savoir la bonne gestion des fonds. Cela transparait dans une correspondance du 12 octobre 2017 que le chef de la division « Gestion de subventions » a adressée à la présidente de l’ICN. D’où le PNUD a été désigné comme récipiendaire principal et unique des subventions évaluées à plus de 72 millions USD pour la période allant de 2018 à 2020. Et l’Instance de Coordination Nationale garde le statut de partenaire technique pour donner des orientations stratégiques lors de la mise en œuvre programmatique.

 

Comment est-t-on arrivé là ?

L’organe chargé de la gestion de ces fonds, l’ICN, a été sanctionné pour ses performances plutôt médiocres. Le Fonds mondial rappelle dans sa correspondance que sa note n’a jamais dépassé B2, c’est l’équivalent de 2 sur 5. Par ailleurs, la note la plus récente, celle du 1er semestre 2017 est loin de rassurer le bailleur. La notation n’évolue pas et reste en deca des attentes. De plus, l’ICN accuse une incapacité notoire dans la gestion des fonds. « Des défaillances dans le domaine de la gestion financière et la passation des marchés ont été constatées », précise la correspondance.
Par conséquent, il y a une faible capacité d’absorption des fonds. A titre illustratif, 30 millions USD, qui correspondent à 35 % des subventions accordées au Burundi ne seront pas utilisés d’ici la fin de cette année, prévient le Fonds mondial. Cette institution met également en évidence les retards constatés lors du processus de rapportage et de vérification. Ce qui affecte la performance des subventions, car c’est ce processus même qui détermine les décisions de financement que ce soit pour les subventions en cours ou à venir, apprend-on de cette correspondance.

Une étroite collaboration s’impose

En réaction à la décision du Fonds mondial de dessaisir le ministère de la Santé Publique de la gestion de ce fonds, le porte-parole de l’ONG burundaise « Cadre d’Expression des Malades au Burundi » (CEMABU), Sylvain Habanabakize, s’est montré déçu.

Dans un entretien accordé à la Radio Isanganiro, M. Habanabakize a indiqué que cette nouvelle orientation, à savoir l’affectation de la gestion des financements du Fonds mondial au PNUD pour les projets sanitaires burundais va déranger le ministère de la Santé Publique en général et les malades en particulier.
« Avec cette nouvelle donne, nous demandons que le PNUD n’écarte pas le ministère de la Santé, mais plutôt qu’il collabore étroitement avec ce dernier afin que les malades ne paient le prix de cette situation déplorable », a-t-il laissé entendre.

En revanche, le CEMABU a demandé aux autorités du ministère de la Santé Publique d’approcher le PNUD afin de travailler étroitement dans l’intérêt supérieur des malades et de suivre leurs agents afin que ces fautes ne se reproduisent plus.

Contribution du Fonds mondial

La correspondance énumère les grandes réalisations du ministère de la Santé Publique sur le financement du fonds mondial. Ainsi, depuis 2003 à ce jour, le Fonds mondial a contribué à hauteur de plus de 275 millions USD pour atteindre certains résultats. Ce sont notamment la distribution des MIILDA (moustiquaires imprégnés d’insecticides à longue durée d’action). 21 millions de moustiquaires ont été distribués, le traitement des patients sous ARV (antirétroviraux), 51 726 patients sous traitement antirétroviral jusqu’en décembre 2016 et ceux traités contre la tuberculose ; 6900 patients par an ainsi que le renforcement du système de santé par l’achat des médicaments, des véhicules, la construction des pharmacies, etc.

Le PNUD choisi pour son expertise

Les autorités du Fonds mondial rassurent que le PNUD va remplir complètement son rôle. Il est partenaire du Fonds dans près de 20 pays. Le PNUD peut s’appuyer sur son expérience dans la gestion des subventions, sa connaissance des procédures et sa forte capacité opérationnelle. « En lien avec son mandat, le PNUD mettra à profit son expertise en matière de renforcement des capacités, pour poursuivre et intensifier les efforts déjà entrepris dans ce domaine. Cela en vue de préparer une transition permettant aux instances nationales de gérer avec succès de futures subventions », précise la correspondance.
Notons qu’en 2012, un différend sur la gestion des fonds entre l’Alliance Burundaise contre le Sida (ABS) et le Réseau Burundais des Personnes vivant avec le VIH/SIDA (RBP+) a bloqué un financement de plus de 21 millions USD. Ces deux acteurs majeurs dans la lutte contre cette maladie s’accusaient mutuellement de mauvaise gestion.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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