Développement

Les maux qui minent le secteur privé, A bâton rompu avec le président de PARCEM

Le secteur privé est un des piliers importants de l’économie. La puissance d’un  pays se fonde sur des entreprises privées florissantes. Faustin Ndikumana, le président de PARCEM établit un diagnostic très pessimiste qui met en évidence les maux dont souffre ce secteur

Faustin Ndikumana, président de PARCEM : « Au Burundi, le secteur public écrase le secteur privé »

Selon les propos de cet activiste de la société civile, le secteur privé connait quelques déboires depuis quelques années. Il dresse un tableau révélateur des entraves que doit surmonter ce secteur qui est d’une importance capitale pour un pays qui veut se développer.    

C’est le secteur privé qui fait vivre l’Etat. Il est en quelque sorte sa colonne vertébrale.   Le secteur privé  fournit les biens et les services. Il favorise aussi les innovations et crée l’emploi. Il contribue largement à la lutte contre le chômage dans la mesure où l’Etat n’est plus capable d’embaucher tous les lauréats que le système éducatif déverse sur le marché du travail chaque année. C’est lui  aussi qui accélère  la circulation de la masse monétaire par son dynamisme. Or au Burundi, le secteur public écrase le secteur privé. L’environnement macroéconomique n’incite pas à entreprendre.

Le secteur privé est caractérisé par une forte pression fiscale qui décourage les investisseurs. En outre, le régime d’imposition en vigueur réduit drastiquement la marge de bénéfice, décourageant par la même occasion les entrepreneurs potentiels.  Le président de PRACEM déplore aussi les exonérations accordées à certaines personnes qui faussent le jeu de la concurrence dans la mesure où les personnes qui en bénéficient inondent le marché des produits moins chers.

Cela a de graves conséquences sur les entrepreneurs qui ne bénéficient pas de ces facilités. La corruption vient empirer la situation, ajoute-t-il.

La promotion insuffisante du secteur privé bouche les opportunités

Un entrepreneur qui a une idée doit être respecté et soutenu. Si ce secteur de l’économie n’est pas soutenu, il est difficile d’imaginer l’avenir d’un pays. Chez nous le secteur privé reste très faible.  Si on essaie de faire un inventaire, contrairement aux données de l’API, le pays ne compte qu’un nombre d’entreprises très limité compris entre 150 et 200. Les petites et moyennes entreprises (PME) sont presqu’inexistantes alors que ce sont elles qui génèrent la classe moyenne qui booste la consommation. Faustin Ndikumana prend pour exemple le salon industriel et la foire « Made in Burundi » qui ont démontré, selon lui, la capacité limitée du secteur privé. Quel produit Made in Burundi exporte-t-on, se demande-t-il.  Le secteur privé contribue peu au le PIB du pays, déplore-t-il.

L’accès au crédit, l’autre défi

Parmi les défis  auxquels doit faire face l’entrepreneur figure un accès au crédit très limité.  La morosité économique n’incite pas les banques à accorder des crédits aux entrepreneurs. Cela est aggravé par la faible inclusion financière qui bloque la consommation interne. La banque n’est pas sûre de récupérer son argent ; d’où des taux d’intérêt prohibitifs.  D’où les pratiques d’ « umugwazo » ou « kwimena amaso » qui sont des prêts à des taux usuraires, fait savoir le président du PARCEM. L’endettement public vient compliquer la situation. L’Etat va contracter des crédits dans les banques commerciales. Ce qui assèche le marché des crédits. Les liquidités vont financer le fonctionnement de l’Etat au lieu d’être canalisées vers l’investissement.

La mentalité, un vrai obstacle

Les Burundais se perdent dans des futilités. D’autres abusent de certaines pratiques culturelles qui les appauvrissent. Les cérémonies ont pris trop de places dans la vie sociale des Burundais qui ne parviennent plus à faire la part des choses. C’est bien d’avoir une vie sociale, mais en abuser ce n’est pas bien. Au lieu de passer des heures et des heures au bistrot, Faustin Ndikumana conseille aux gens de se regrouper en association d’auto-développement.

Les week end, les gens se mettent sur leur trente et un. On les voit en ville parader  dans différentes fêtes qui n’ont pas vraiment une grande signification. Ils dépensent sans compter.

Il y en a même qui, au lieu d’envoyer les membres de leurs familles habitant l’intérieur du pays à l’école, dépensent une grande partie de leurs revenus dans des futilités comme les fêtes d’anniversaire, de diplôme, de levée de deuil définitive des personnes décédées depuis plusieurs années. C’est une aberration, s’insurge le président de PARCEM.   On n’a pas la culture de l’épargne. Sans épargne, l’investissement devient impossible.

La diplomatie doit être au service du secteur privé

Il faut une diplomatie tournée vers les intérêts économiques. Ailleurs, quand le président effectue une visite à l’extérieur du pays, il est accompagné par une meute d’entrepreneurs. La visite est dite réussie quand les entrepreneurs ont signé des contrats juteux. Qu’est-ce que le Burundi vend dans la zone EAC ? Quelle est la plus-value que le secteur privé tire de la participation du pays dans les sommets des organisations régionales comme le COMESA, l’EAC, la ZEP, etc. ? On a l’impression qu’on ne fait que participer aux festivités qui n’apportent pas grand-chose à ce secteur. On devrait commencer par là.  Les relations bilatérales et multilatérales  doivent avoir en filigrane l’intérêt économique du pays.  Toutes les autres considérations viennent après.

Le président de PARCEM plaide pour l’amélioration de l’environnement des affaires. La politique industrielle doit être définie. Il demande également aux gens de changer de mentalité et d’épargner dans le but d’entreprendre. C’est à ce prix que le secteur privé relèvera la tête et constituera un pilier solide du développement du pays.

A propos de l'auteur

Parfait Nzeyimana.

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