Transport

Port de Bujumbura : de multiples projets en cours

Le port de Bujumbura est en train d’être modernisé. Un chantier naval est attendu d’ici 2 ans et d’autres innovations sont en cours. Comme c’est prouvé que le transport routier est cher comparativement à la voie lacustre, la modernisation du port de Bujumbura lui permettrait d’être une chaîne de distribution de la sous-région. Au cas contraire, la situation conduirait à une évolution négative au niveau environnemental, socio-économique et sécuritaire

Selon Gérard Nyandwi, directeur général de l’Autorité Maritime, Portuaire et Ferroviaire, deux projets importants sont en train d’être développés au port de Bujumbura.

Le premier consiste en la modernisation et en l’extension du port. Mené depuis 2012, selon toujours le directeur général, le projet est pour le moment en exécution par l’entreprise japonaise World Kaitsu Kogyo. « Le projet est financé par la Banque Africaine de Développement (BAD) à hauteur de 25 millions USD. Les travaux vont durer 19 mois à partir du 9 août 2019 », déclare-t-il. Ces composantes sont la construction d’un chantier naval pour la construction et la réparation des bateaux, l’aménagement d’un terminal à containers, la déviation des eaux du canal de Buyenzi qui se déversent dans le port et le dragage du bassin portuaire (pour faciliter l’accostage des bateaux).

Si beaucoup de bateaux arrivent au port au même moment, ils ne trouvent pas de la place pour accoster

Pour le dragage du bassin portuaire, M.Nyandwi rappelle que la hauteur nécessaire exigée pour l’accostage est d’au moins 5 mètres. Ce qui n’est pas le cas au port de Bujumbura où la hauteur est inférieure à celle exigée.

Le projet en préparation

Le deuxième projet est en préparation, d’après M.Nyandwi. Il consiste en la réhabilitation du port. « Le coût du projet est d’environ 50 millions USD. La BAD a déjà financé les études », précise-t-il.

Le directeur de l’Autorité Maritime annonce que le projet consiste en la réhabilitation des quais passagers, des digues à talus, l’installation de la darse pour marine nationale, l’installation des balises maritimes, la fourniture des grues mobiles, la fourniture de trois bateaux (deux de patrouille et un de recherche et de sauvetage).

Les grues mobiles devront permettre de porter les containers de 30 tonnes sur une distance de l’ordre de 20 à 25 m.

La réhabilitation des voies d’accès visée

Dans le deuxième projet sur la réhabilitation du port est inclue la réhabilitation des voies d’accès comme le signale M.Nyandwi. Les voies s’étalent sur 11 kilomètres.

Il fait remarquer que le trajet de ces voies est : le port de Bujumbura, la gare routière, la brasserie, le marché communément appelé « chez Sion », le rond-point des Nations Unies, la route Mutakura, la RN9 en traversant Carama pour rejoindre la route qui contournera la Présidence à Rubirizi.

Inexistence des paquebots

Le directeur général de l’Autorité Maritime reconnait l’inexistence des paquebots dans le transport lacustre. Il n’existe que des bateaux cargos.

Toutefois, il dit qu’il y a un bateau qui veut être mixte. « Les autorités habilitées ont déjà marqué leur accord », fait-il savoir.

M.Nyandwi certifie l’existence d’une étude en cours pour l’acquisition d’un Ferry-boat (navire conçu pour le transport des trains, des véhicules routiers et de leurs passagers) financée par la Banque Mondiale (BM).

La Tanzanie disponibilise des wagons pour le Burundi

La Tanzanie a déjà offert 20 wagons de location en 2018 au Burundi, d’après toujours notre source de l’Autorité Maritime. Un wagon a une capacité de transporter deux containers de 2 pieds. Il a également une capacité de transporter le carburant à un contenu de 100 000 litres.

Bien que des projets soient en train d’être montés sur le port, il regrette que les opérateurs économiques ne s’habituent pas à utiliser la voie lacustre. « Or, cette voie est moins chère, moins risquant et moins polluant comparativement à la voie routière. En l’utilisant, on peut gagner 40 % des coûts de transport », explique-t-il.

Et d’éclaircir : « Aujourd’hui le port est capable d’accueillir 500 000 tonnes de marchandises par an. On n’a jamais atteint ce seuil. Lorsqu’on a accueilli beaucoup de tonnes de marchandises c’étaient 300 mille tonnes par an ».

Le port de Bujumbura joue aussi le rôle de bureau de dédouanement des marchandises importées par camion au Burundi comme le stipule le « projet de développement du corridor de transport sur le port de Bujumbura et sur le lac Tanganyika ». Ainsi, les statistiques de trafic du port incluent à la fois le trafic lacustre et le trafic routier. Au total, les cargaisons transportées par camion représentent en moyenne 40 % des cargaisons totales, selon ledit projet.

La plupart des installations du port datent d’avant 1960 et sont très vieilles, particulièrement les infrastructures maritimes

Le développement du port est urgent !

Mireine Havyarimana, coordonnatrice du projet au sein de l’Association des Transporteurs Internationaux du Burundi (ATIB) proclame que la modernisation du port est une urgente nécessité. Elle confirme que le port actuel est petit.

« Si beaucoup de bateaux y arrivent au même moment, ils ne trouvent pas de la place pour accoster. De plus, les grues sont veilles et tombent souvent en panne. Ce qui freine le déchargement et entraine des retards », témoigne Mlle Havyarimana.

Au quai pétrolier, plus de deux bateaux ne peuvent pas accoster. Par ailleurs, martèle-t-elle, le milieu n’est pas bien aménagé. Ce qui ne facilite pas le nettoyage des bateaux et le dégazage des barges à carburant. Comme le port n’est pas équipé en ce qui est du système de dégazage, la soudure de la barge à carburant n’est pas possible. Sinon, elle provoquerait des incendies.

« Le souhait est que tous ces défis soient tenus en compte dans les projets en cours afin d’être plus bénéfiques aux armateurs », renchérit-elle.

En cas de non réalisation desdits projets

Pour le « projet de développement du corridor de transport sur le port de Bujumbura et sur le lac Tanganyika », sans ce projet, le port va continuer à fonctionner, mais des difficultés grandissantes vont se manifester progressivement avec le temps.

La plupart des installations du port datent d’avant 1960 et sont très vieilles, particulièrement les infrastructures maritimes. Si rien n’est fait, ces infrastructures vont continuer à se détériorer avec le temps et certaines installations, comme certaines grues, ne pourront plus trouver des pièces de rechange. Le document montre que les entreprises qui les ont fabriquées n’existent plus. En plus, manquent dans la configuration actuelle du port des structures adaptées aux trafics containers.

Il mentionne qu’avec les projections régionales de reprise d’intenses activités sur le corridor de transport du lac Tanganyika, le port de Bujumbura risque de ne pas répondre à différentes sollicitations. Ce qui peut occasionner au pays de rater cette opportunité de développement.

Sans le projet, les voies d’accès au port ne seront pas réhabilitées et les problèmes de circulation vont perdurer avec la persistance des impacts socio-économiques négatifs. Ceux-ci sont liés au mauvais état des voies de desserte du port.

En matière environnementale, le port risque de continuer à recevoir des sédiments en provenance du canal de Buyenzi et probablement de la rivière Ntahangwa. En plus de la pollution que cela entraîne dans le bassin du port, ces sédiments risquent en s’accumulant de réduire la hauteur d’eau dans le bassin et de rendre difficile l’accostage des navires.

La situation sans ce projet de développement du corridor de transport sur le port de Bujumbura et sur le Lac Tanganyika serait synonyme de persistance et d’accentuation des problèmes environnementaux (absence de dragage et poursuite d’envasement par exemple) et socio- économiques (persistance du chômage et de faibles revenus des exploitants du port, faibles recettes pour l’Office Burundais des Recettes (OBR), cherté des produits d’exportation suite au long détour dans le transport des marchandises et à la circulation coûteuse et risquant des marchandises et des personnes. Cela suite à la non-réhabilitation des voies d’accès au port de Bujumbura.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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