Environnement

Quartier Mugoboka : Sous la menace des éboulements, les habitants tirent la sonnette d’alarme

La rivière Ntahangwa menace en amont les habitations des quartiers périphériques. Ses berges ne cessent de s’effondrer. Les habitants, entre le marteau et l’enclume, tirent la sonnette d’alarme. Ils demandent aux services habilités de mettre en place un plan d’urgence en vue de protéger leurs maisons.

Nous sommes vendredi 19 juin 2020. Le soleil de 13 heures frappe fort sur le petit marché de Mugoboka, à la jonction de l’avenue Sanzu et de l’avenue Buyongwe. Une barrière métallique bloque l’avenue Sanzu à l’entrée de la sous-colline Mugoboka. Des voitures sont garées derrière cette barrière. Certaines appartiennent aux particuliers, d’autres assurent le transport des biens et des personnes. Elles ne peuvent plus atteindre le petit marché de Mugoboka II parce que la route qui y mène n’est plus praticable. Sauf les piétons, aucune voiture n’est autorisée à passer.

La route qui reliait Mugoboka I et Mugoboka II est complètement coupée.

Sur une pancarte érigée près de cette avenue, il est bien marqué qu’il y a des « travaux d’urgence de stabilisation des berges de la rivière Ntahangwa, sites Kigobe Sud/Mugoboka » sous l’égide du ministère de l’Environnement et financés par le gouvernement du Burundi à travers le projet : Gestion Communautaire des Risques des Catastrophes au Changement climatique au Burundi (GCRCCBU). Le délai d’exécution était de trois mois (juillet-septembre 2017). Jusqu’ici, disent les habitants, aucune machine n’est venue pour commencer les travaux.  Pourtant, d’énormes fissures sont visibles sur cette avenue. Le ravin se trouve à moins de deux mètres des maisons longeant la rivière Ntahangwa. « Nous sommes dans le désarroi. Nous ne pouvons pas laisser nos maisons s’effondrer, mais la falaise risque de nous emporter avec », confie un habitant du quartier Mutanga Sud. Comme le témoigne ce quinquagénaire, certains propriétaires des maisons longeant cette route ont déjà vidé les lieux. Les habitants de ces deux quartiers indiquent qu’ils ont essayé, avec leurs maigres moyens, de protéger la rive menacée, mais en vain. « Bien des constructions se sont effondrées comme des châteaux de cartes. Même celles qui restent ne tiendront pas pour longtemps », témoigne Léocadie, une femme rencontrée devant une des parcelles menacées par le précipice.  Le ravin a cassé toute communication entre les deux Mugoboka, endommageant par là même les tuyaux de la Regideso. « Nous avons peur de voir nos enfants tomber dans ce précipice, car un cas s’est déjà produit », témoigne Claudine, une nounou dans une des habitations situées près du précipice.

Sans moyen de locomotion, les commerçants en paient le gros prix

Comme les voitures transportant les marchandises ne peuvent plus arriver à Mugoboka I et II, les commerçants qui exercent sur le petit centre de négoce doivent payer des portefaix qui vont transporter leurs marchandises.  « Pour transporter un sac de charbon jusqu’à ma boutique, je dois débourser plus de 2.000 FBu. Je suis obligé de majorer moi aussi le prix de détail », indique un vendeur de charbon au petit marché de cette localité. Il en va de même pour Aziza, vendeuse de légumes. « Nous travaillons à perte, car nous sommes obligés de payer des frais supplémentaires », ajoute-t-elle

Les habitants demandent la réhabilitation urgente des berges de cette rivière

« La stabilisation des berges de la rivière Ntahangwa est plus qu’urgente. On devrait y penser maintenant avant l’arrivée de la saison pluvieuse », estime un motard rencontré près du marché avant d’ajouter que les autorités locales viennent souvent constater les dégâts sans faire un effort pour demander à l’Etat d’intervenir. Des infrastructures comme l’école primaire de Mutanga Sud menacent de céder.

A niveau de l’administration de la commune Mukaza, ils assurent que des mesures ont été prises notamment la fermeture de la route aux véhicules pour limiter les accidents. Dans une interview accordée à nos confrères du Journal Iwacu, Omer Niyonkuru porte-parole du ministère de l’Environnement, fait savoir que des études sont en cours pour trouver une solution durable à ce problème, car c’est une zone à haut risque où s’observent des éboulements.  Il rassure la population que des travaux d’urgence vont commencer sans toutefois préciser la date.

Pour rappel, c’est au cours de la saison sèche de 2017 que les travaux de stabilisation des berges de la rivière Ntahangwa (côté Kigobe-Sud et Mugoboka) ont débuté. Leur coût est estimé à 4 milliards BIF dont 1,5 milliards BIF provenant du gouvernement. Les travaux étaient annoncés pour un délai de trois mois. Le but était de limiter les dégâts causés sur les infrastructures publiques et privées. L’autre partie du financement vient du GEF (Global Environment Facility) et du PNUD.

A propos de l'auteur

Bonaparte Sengabo.

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